Les indigènes de la 709 Collectif de défense contre les nuisances de la base aérienne 709 de Cognac |
La base 709 de Cognac-Chateaubernard et son école de pilotage de chasse a derrière elle de longs antécédents de mécontentement. Déjà, lorsqu'elle était positionnée à Tours sur la base 705, l'école avait suscité de nombreuses réactions, relayées par des élus: "Le 21 décembre 2006, madame Beaufils, sénatrice d'Indre et Loire, dans le cadre de la question écrite au ministre de la défense (JO Sénat du 16/11/2006), alerte le ministre de la défense sur la situation difficile à vivre par certains des habitants de Saint-Pierre-des-Corps. La sénatrice souligne "l'énorme mécontentement des habitants des communes limitrophes à la base 705 de Tours et des associations" de même que les sérieux troubles et pollutions sonores occasionnés par la BA 705 du fait des passages quotidiens des Alphajet de l'école de pilotage et les interventions (très épisodiques) de Mirages." (Wikipedia, base 705). |
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En décembre 2016, dix-sept avions d'entraînement avancé Pilatus PC-21 ont été commandés pour remplacer les Alpha Jet de Tours. Ils servent à la formation sur une année, d'environ 30 élèves pilotes de l'Armée de l'Air, 10 navigateurs officiers système d'armes, 10 élèves pilotes de la Marine Nationale, et 10 élèves moniteurs simulateur10. Le transfert à Cognac de l'école de chasse est effectif au printemps 2020. (Wikipedia, base 705). La formation à Cognac des pilotes de chasse débute sur des Grob 120 (phase 2 de la formation), se poursuit sur les avions du constructeur suisse Pilatus PC 21 pour la formation chasse, pendant 26 mois (23 à l'horizon 2025). Elle s'achève sur des Mirage 2000. |
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Zones de travail de l'école de chasse en 2006 |
En 2006, les zones de travail de
l'école occupaient les zones aéronautiques R49A et R49H, s'étendant
sur 18 000 km2, de 900 m d'altitude/mer à l'ouest et 1000 m/mer à l'est
jusqu'au niveau de vol 195 (6500m). La vingtaine de secteurs composant
la zone comportaient chacun 4 axes de manoeuvres, concentrant les nuisances
sonores. En 2020, le colonel Nicolas Lyautey mentionnait la disposition de 13 000 km2, ce qui suggère une concentration de la zone de survol depuis cette date. Les spots fixes de manoeuvres ont été rendus obsolètes par les scenarios d'entraînement actuels. |
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Une après-midi de novembre 2021. Selon le commandement (lettre du 21/07/21 au maire Niort): "La répartition homogène de l'activité dans tout le volume de la zone... est un véritable leitmotiv" |
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Ecole de chasse: ce n'est qu'un début Avec 17 appareils Pilatus PC21, l'école a déjà fait amplement la démonstration de son pouvoir de nuisance. Mais l'armée de l'air a, pour la base 709, de plus grandes ambitions encore et - faut-il s'en étonner ? - elle n'a pas démontré lors du processus d'autres préoccupations qu'économiques. Viendront donc s'adjoindre aux appareils existants 8
à 10 autres, ajoutant aux 11 000 heures de vol la possibilité
de 5000 autres heures. Les Pilatus viendront en remplacement des Alphajet
de la base de Cazaux, qui ferme pour être transférée
à Cognac. La phase dite de "transition" s'effectuera
donc dorénavant à partir de Cognac, sur des Pilatus.
L'entretien de tous ces appareils y sera externalisé, auprès
de la société britannique Babcok (pour un montant estimé
à 500 millions d'Euros pour son contrat de 11 ans), ce qui
est une autre motivation économique de la concentration des
centres de formation. Si les pilotes belges qui s'y formaient se trouvent
à présent aux Etats-Unis, il existe une forte tentation
de former des pilotes étrangers sur notre sol, en même
temps que sont vendus (Grèce, Egypte, Inde, Quatar...) les
rafales*. Les zones d'entraînement de la base de Cazaux allaient
du sud de Bordeaux aux Pyrénées. L'administration militaire
compte-elle déplacer ces zones sur le Poitou-Charentes ? * "La formation, par l'armée de l'air, d'équipages chasse étrangers constitue également un enjeu politique ou industriel. Fort de l'expérience franco-belge réussie d'AJeTS3 et de multiples actions bilatérales, Cognac 2016 sera naturellement ouvert à plusieurs formes de coopérations. La future école aura, en effet, vocation à former des pilotes de chasse au profit de nos partenaires européens, renforçant l'Europe de la défense et l'interopérabilité de nos armées de l'air, mais aussi d'autres nations souhaitant bénéficier de l'excellence du savoir faire français en la matière, voie d'entrée privilégiée pour un éventuel emploi d'équipements français au sein de leurs armées de l'air." (Etat-major de l'armée de l'air, 2014)
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Le Vrai / Faux de la BA709 Que
dit la "grande muette" lorsqu'elle s'exprime ? Les exemples suivant
constituent un exemple de la capacité du commandement à
brouiller les pistes, lorsqu'il s'agit de données techniques
censées ne pas être maitrisées par la population.
N.B. L'assistant parlementaire cité avait
bénéficié d'une visite d'information sur la base. • "Pas plus de 40 minutes dans un même secteur" (commandement, avril 2020): FAUX Nous avons de multiples témoignages et traces radars, de ce que des avions ou paires d'avions ont pu évoluer des matinées et/ou des après-midi entiers sur un même secteur, parfois chaque jour de semaines entières. • "L'activité est répartie de manière homogène" (commandement, avril 2020): FAUX Les traces radar cumulées à la date d'avril 2021 montrent au contraire que la base met en oeuvre des scenarios d'entraînement qui impactent régulièrement des zones spécifiques, au nombre d'une douzaine. De plus, ces zones réprésentent une surface de 11 000 km2 qui a été réduite par rapport aux 13 000 km2 initialement disponibles, principalement au profit des zones côtières. • "Il n'y a pas d'impact sur le tourisme, d'ailleurs il n'y a pas d'exercices en août" (un assistant parlementaire, avril 2021): FAUX En 2020, les activités de l'école étaient quasi-normales en août. Nous avons de multiples témoignages d'exploitants de gîtes qui nous disent leur désarroi. Cet assistant parlementaire n'avait sans doute en tête que le barnum estival côtier. • "Ce nouvel avion à hélice n'est pas plus bruyant, il fait un bruit légèrement plus aigu" (commandement, 2020): FAUX Le fait que cet avion soit à hélice, n'enlève rien au fait qui s'agit d'un turbopropulseur à deux échappements sans silencieux. Lorsque l'armée a choisi ces avions, elle ne disposait pas des seules données qui vaillent en matière de bruit, à savoir les courbes dites "NPD", le constructeur non plus. Aucune de ces courbes n'a été à ce jour produite à l'appui de tels dires. Finalement, en décembre 2020 (Charente Libre), le commandement concède que ses avions sont "plus bruyants". Un bel exemple de ce que l'administration militaire ne joue la transparence que lorsqu'elle y est contrainte. • "Depuis peu, on va même sur l'océan" (commandement, déc. 2020): MARGINAL Les scenarios d'entraînement mis en oeuvre par la base impliquent seulement quelques très rares transits maritimes et, très récemment, de très épisodiques manoeuvres au large de Hourtin. Pour le reste, l'écrasante majorité des missions s'effectuent au-dessus du sol. En 2020, on recensait entre 1 et 2% de missions maritimes. • "On ne peut pas dévoiler les spots de manoeuvre de l'école, ce serait trop dangereux" (un assistant parlementaire, avril 2021): RIDICULE D'une part, de tels spots figurent sur les cartes envoyées aux plaignants. D'autre part, chacun peut suivre sur le web les évolutions des avions. Enfin, il est infiniment plus simple pour un terroriste de viser un gros avion de ligne plutôt qu'un petit Pilatus tournoyant dans le ciel. Et finalement, où est le problème, puisque qu'officiellement l'activité est répartie de manière homogène ? • "Lorsqu'ils volent à 3000 mètres, vous ne les entendez pas" (un assistant parlementaire, avril 2021): FAUX Nous avons pu constater qu'un PILATUS effectuant des manoeuvres à 3000 mètres, en particulier lorsqu'il effectue des virages serrés, produit au niveau du sol un bruit comparable en intensité à celui d'une ponceuse sur le parquet d'un appartement au dessus de votre logement. A cette altitude, en fonction des conditions meteo et du type de manoeuvre, la distance d'impact est d'environ 10 km. A cette distance, l'impact peut être similaire à celui d'une moto bruyante au loin. • "Ils ne volent pas le week-end": VRAI Au vu du reste, pas sûr cependant que ce soit plus pour ménager la population que les pilotes. |
Mesures de compensation autour des aéroports: l'Etat pas à la hauteur pour le rural L'aéroport de Cognac-Chateaubernard a fait l'objet d'un plan d'exposition au bruit obligatoire.
Il est clairement prévu un fort impact autour de la base, en
particulier sur les trajets circulaires d'approche des pistes (zone
"D"). Sur ces zones, cela peut représenter de l'ordre de 100
à 200 passages par jour. Nous notons que ce plan n'incorpore pas
la venue des bruyants PC-21, de sorte que son exactitude est
questionnable.
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